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A peine lancé sur le marché, l’I-pad 2 est en rupture de stock. Rançon du succès ? Stratégie marketing de pénurie ? Non, cette fois le constructeur de la célèbre tablette tactile est vraiment à la peine pour alimenter la demande internationale.
A quelques semaines d’intervalle deux coups durs sont venus affecter la production de composants utilisés dans son appareil. D’abord, le séisme et le tsunami le 11 mars dernier qui ont désorganisé l’industrie japonaise. Puis le 20 mai l’explosion d’une usine du sous-traitant électronique chinois Foxconn - qui ajoute à une liste importante de suicidés, trois nouveaux morts et seize blessés graves. La succession de ces évènements va contraindre les acheteurs d’Apple à revoir leurs scénarios de gestion des risques industriels et sociétaux liés à leurs achats. Mais est-il si simple de remplacer une source d’approvisionnement ? Peut-on se préparer à l’imprévisible ? En effet, ces derniers mois, les catastrophes climatiques et écologiques, les crises économiques et politiques ont fait prendre conscience que nulle entreprise n’est tout à fait à l’abri des conséquences de ces évènements sur ses achats. A cause de la crise politique en Côte d’ivoire, les fabricants de chocolat ont du se rabattre rapidement, après Noël et avant Pâques, sur des pays producteurs de fèves de cacao hors du continent africain. « Cela n’a été possible que parce que les producteurs étaient déjà référencés et qu'ils leur achetaient déjà de petites quantités » explique Olivier Wajnsztok directeur associé d’AgileBuyer, société de conseil spécialisée en Achat opérationnel. Même effet pour les achats de céréales dont les cours ont grimpé en flèche en 2010 suite aux incendies de forêts dans la région de Moscou, installant durablement un nuage de fumée qui a perturbé la maturation des blés. Quant aux produits technologiques venus du Japon, des chaînes de construction automobile ont été arrêtées, faute de trouver des fournisseurs alternatifs.
Référencer les fournisseurs secondaires
En cas de force majeure, il y a des achats plus simples à remplacer que d’autres. Il est évidemment moins compliqué de trouver une alternative rapide pour la fourniture de chaises ou de micro-ordinateurs que de dénicher des producteurs de « terre rare » hors des mines de Chine. Le directeur des achats se concentrera prioritairement sur les achats stratégiques pour lesquels il composera un panel de fournisseurs secondaires et auprès desquels il achètera des petites quantités en marge de son fournisseur principal.
« Anticiper un risque c’est d’abord se poser la question d’une seule source d’approvisionnement ou de plusieurs. Dans un cas, on joue sur le volume et l’on obtient de bons prix, dans l’autre on mise sur la sécurité » résume Olivier Wajnsztok.
Ce panel composite - enregistré dans le système d’information achat - devra être renseigné d’un ensemble de données collectées auprès de différentes sources d’information. « C’est un système qui sera essentiel en cas de crise. Etre outillé ainsi, c’est être réactif, car en suivant un panel de fournisseurs l’on connait ceux qui potentiellement pourront prendre le relais en cas de défaillance ».
Cette base de données référentielles s’enrichit quotidiennement, on y consigne des éléments propre à chaque pays, les mouvements de leur économie, de leur monnaie, de leur régime politique, le respect des droits du travail et de l’enfant, les risques climatiques... On y consigne également des éléments liés à la chaîne logistique et au suivi de la dépense avec chaque fournisseur secondaire. « Une base de données de fournisseurs secondaires sera constituée à partir d'informations hétérogènes provenant de pays différents, mais il est important de disposer d'un référentiel unique. Le suivi régulier et la mise à jour de cette base fera gagner du temps, même si cela ne permettra pas de remplacer une source d’approvisionnement du jour au lendemain » indique Bruno Pillon directeur de BravoSolution, éditeur de logiciel et société de conseil en stratégique et opérationnel achats.
Préparer des solutions de repli
La crise économique de 2008/2009 a fait comprendre aux acheteurs que le risque-clé portait sur l'approvisionnement. Depuis, des éléments qualitatifs portant sur la chaîne logistique sont désormais pris en compte dans le suivi du fournisseur ; idem pour sa santé financière. Il faut pouvoir identifier les problèmes potentiels et leurs origines pour pallier les défaillances avant que le fournisseur ne disparaisse. Et le cas échéant avoir déjà noué/contractualisé une relation afin d’être opérationnel rapidement avec un nouveau transporteur.
Cependant la richesse du panel fournisseurs ne garantit pas d’une solution miracle. "Attention, même avec un important portefeuille de fournis
