Vingt ans après sa création quelle est la stratégie de Readsoft?
Au départ nous avons inventé un logiciel capable d’interpréter les caractères manuscrits à une époque où les scanners n’étaient pas aussi performants qu’aujourd’hui. Puis, nous avons conçu un logiciel permettant de lire automatiquement les factures fournisseurs intégrant des fonctions d’auto-apprentissage. Nous avons ensuite fait évoluer nos solutions vers une plate-forme s’articulant autour de l’ERP SAP, qui traite l’ensemble des processus de la commande au paiement : Purchase to Pay (demandes d’achats, bons de livraison, factures fournisseurs et campagnes de paiement) et Order to Cash (bons de commandes et moyens de paiement).
Au début, nos logiciels étaient essentiellement achetés par de grands comptes qui avaient des volumes importants de factures à traiter. Aujourd’hui notre technologie est accessible pour les petites et moyennes entreprises grâce au « Cloud computing » ou via une formule d’abonnement (SaaS). En Suède nous avons même des clients dans le monde associatif comme des clubs de football par exemple. Ils peuvent facilement se connecter à la plate-forme lors de leurs déplacements.
Quel est votre point de vue sur la dématérialisation en Europe ?
Le marché démarre à peine et les perspectives de croissance sont de fait très importantes. Il est clair que nous sommes encore en phase d’évangélisation de ce marché. Les pays scandinaves sont plus avancés dans la dématérialisation des paiements. Viennent ensuite la France et l’Allemagne. Chaque pays a ses particularités qui permettent d’avancer plus vite dans le processus ou au contraire de le freiner. En Suède par exemple les chèques n’existent plus. En France, la loi LME impose de réduire les délais de paiement mais parallèlement l’exigence en matière de sécurité comme l’appel à des tiers certificateurs, dans certains cas, freine les déploiements massifs. Mais la France est très réceptive à l’innovation. C’est elle qui a inventé la carte bancaire à puce et a été le premier pays avec le Minitel à mettre en place la banque à distance. Il n'empêche, les volumes de papiers échangés sont encore colossaux en Europe. Dans la majorité des pays 80% à 90% des factures sont encore envoyées au format papier. Au pays champion de la dématérialisation, la Finlande, la part est de 50/50 entre le papier et les formats électroniques. Ce qui montre encore le chemin à parcourir pour arriver au zéro papier. Le marché est donc encore à défricher !
Comment voyez-vous l’évolution du processus de paiement ?
D’un point de vue technologique, nous devons faire évoluer nos solutions afin qu’elles s’affranchissent des problèmes de standards et s’adaptent mieux aux habitudes des gens. Notre plate-forme est par exemple déjà accessible à distance pour les personnes en déplacement, et dans cet esprit de « mobilité », nous travaillons aussi à une solution de capture des factures et d’autres documents comme les notes de frais, par les appareils photos des téléphones portables. La définition de l’image devra être supérieure à 4 millions de pixels. L’on pourra alors valider une facture sans restriction, quel que soit le lieu et quel que soit le format de la facture.
Du côté du processus, l’objectif est de réduire les délais de paiement. Il y a encore beaucoup d’étapes de validation entre l’émission d’un bon de commande et le paiement d’une facture. L’acheteur gagnera en efficacité s’il réduit les délais de paiement de ses fournisseurs en optimisant chacune des étapes. Les processus de validation sont nécessaires mais il faut automatiser certaines étapes de vérification. Lorsque l’on a un seul fournisseur à valider par semaine ça va, mais quant on doit en gérer cent par jour, là, il faut vraiment se poser la question de l’automatisation.