Vous souvenez-vous de vos vacances de l'été 2007 ? Tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes. Achats comme ventes se faisaient en une mécanique bien huilée, vouée à perdurer par la grâce de la logique Bisounours du marché...
A l'été 2008, certains déjà commençaient à s'inquiéter des premières tensions Outre-atlantique mais c'était - nous disait-on - des affaires financières qui ne pouvaient pas affecter la vieille Europe gérée, elle, au bas de laine !
A l'été 2009, il en fut autrement. D'ailleurs était-ce seulement un été ou un enfer économique ? Les fournisseurs asphyxiés, au bord de la noyade se tournant désespérément vers des donneurs d'ordres déboussolés, regardant impuissants s'écrouler les belles certitudes du marché, comme un château de sable attaqué par la marée montante.
A l'été 2010, la re-consolidation était en route : fragile reprise, bases encore tremblotantes mais surtout envie d'y croire à nouveau. En une résilience collective, l'acceptation de (nous) reconstruire sur d'autres bases était la plus forte ; tous, se poser des questions fondamentales sur nos actes et nos objectifs professionnels.
Eté 2011 : le moment d'une honnête introspection est arrivé.
En prendre ou n'en prendre aucun ?
Il n'aura donc pas fallu de plus de quatre saisons pour nous transformer - quels que soient nos métiers d'origine - en gestionnaire de risque(s) - "risk managers".
Plus question de nager en eaux profondes, ni de s'éloigner des côtes... restons à porter des maîtres-sauveteurs qui sauront, à grands coups de sifflet, nous rappeler à l'ordre. Car voilà bien le paradoxe : "gérer le risque" se traduit bien souvent par "n'en prendre aucun".
Bardé de son increvable bouée juridique, l'acheteur - promu gestionnaire du risque fournisseurs - serait donc prié de n'oublier point les dangers latents qu'un volcan, qu'une zone tellurique, qu'une centrale nucléaire, qu'un régime politique décadent, qu'une aspiration démocratique populaire et même qu'une sécheresse feraient courir à son entreprise si jamais il lui prenait de faire appel à un fournisseur situé dans ces zones en perdition (potentielle). Aurions-nous désormais peur de notre ombre ?
Bel été à tous.